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Jérémie St-Pierre

4. « Une magnifique désolation »

Ce projet débute avec un poème, trouvé par hasard par l’artiste entre les pages d’un livre. Sans le savoir, ce texte rédigé par une amie maintenant disparue l’accompagnait silencieusement depuis presque dix ans. Cette trouvaille devient l’épicentre du projet d’exposition. Des fragments du passé ressurgissent par bribes dans chacun des tableaux, élaboré à partir d’archives personnelles et d’images évocatrices. Par cette recherche archivistique, l’artiste interroge le potentiel émotif de la mémoire. Les compositions de ses tableaux se forment à la manière des souvenirs : un étrange brouillard d’images à la fois nébuleuses et sans équivoque. Jérémie St-Pierre reproduit ainsi dans ses œuvres la tension visuelle entre la réalité et l’interprétation qu’en fait la mémoire.

Son univers visuel prend également forme dans l’espace de la salle, invitant le public à s’immerger dans cette quête du passé. Les feuilles séchées érigées comme un mur figé dans le temps, rappellent le temps qui passe, comme un memento mori. Il nous invite à cacher nous aussi une note,
comme une bouteille à la mer, à travers les pages de l’un des nombreux livres que l’on retrouve caché dans l’exposition.

En 1969, les astronautes Neil Armstrong et Buzz Aldrin sont les premiers humains à marcher sur la lune. En voyant pour la première fois la terre de cette perspective, Aldrin qualifie cette vision d’une «magnifique désolation». Et n’est-ce pas aussi une si belle façon de décrire également la mémoire ? Belle et émotive, mais aussi tragiquement lointaine, fragile et friable. La réminiscence du passé n’et elle pas, justement, une magnifique désolation ?


Texte et commissaire : Frédérique Renaud

Crédit photos : Dominick Ménard

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